Architecture EEE PAN

Détails du projet :
Emplacement : Marseille, campus de Luminy, France
Type :
Espace éducatif : 450 m² (terrasse de 150 m²)
Client : Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille
Architectes : PAN Architecture – jean-luc fugier & mathieu barbier bouvet
Photographe : Luc Boegli

PAN ARCHITECTURE a livré une extension modulaire à l’Ecole d’Architecture de Marseille.

Construire son premier bâtiment dans une école d’architecture est une entreprise risquée, surtout quand ses architectes étaient assis sur ses bancs quelques années auparavant. Il s’agissait de faire un bâtiment préfabriqué, provisoire et peu coûteux dans un processus de conception et de réalisation. Comment pourrait-il être plus qu’un simple bungalow préfabriqué ? Comment pourrait-il trouver sa place dans l’ensemble architectural de l’ENSA-M ? Quelles valeurs architecturales pourrait-on donner à ce bâtiment pour être digne d’accueillir des étudiants en architecture ? Derrière ces interrogations se cachent de lourds enjeux techniques et réglementaires dus à la réglementation très stricte du site (en zone à risque incendie, site soumis aux codes ABF, sa localisation à côté du Parc National des Calanques, etc.) presque impossible de construire un bâtiment industriel léger à 1 200 €/m².

Un paysage architecturé
L’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille est implantée dans un cadre exceptionnel aux remarquables qualités de mouvement. Construite dans les années soixante par l’architecte René Egger, l’Ecole d’Art et d’Architecture (reliée par un pont couvert) est un bel exemple d’architecture régionale moderne.

Assise sur un versant exposé au nord, son architecture se caractérise par divers bâtiments disséminés sur le site. De grands volumes blancs, simples et purs épousent et prolongent la courbe du terrain. Ils sont reliés par des marches et des galeries couvertes. Ils s’organisent autour de ces galeries et cours comme autant de retours en arrière de formes typiquement méditerranéennes.

L’extension en 1993 par le Groupe CCD (Chabrol, Cerrito et Daniel) a été vue comme l’occasion de retravailler la conception globale du plan bloc jugé trop bourgeois. Une rue intérieure a été créée en doublant le «bloc principal», où les principales installations telles que la nouvelle salle de conférence et la cafétéria ont été insérées.

L’école était structurée sur un plan croisé avec la rue intérieure perpendiculaire à la rue majoritairement extérieure qui faisait le lien avec l’école des beaux-arts et la bibliothèque et au large de laquelle se trouvaient la plupart des ateliers.

Une greffe architecturale
L’extension s’inscrit dans la continuité de ce « paysage architecturé ». En respectant la composition du plan de masse, le système existant est étendu et une nouvelle « branche » a été créée pour la croissance horizontale. La dialectique bâtiment/trafic extérieur est ainsi réinvestie.

Le projet réunit les trois ateliers du rez-de-chaussée dans des volumes simples et autonomes reliés par un espace galerie qui longe la façade sud et réinterprète les coursives du campus. Les proportions sont proches de celles des grands ateliers existants, et les alignements renforcent la sobriété et l’idée d’appartenance à un tout. Des aménagements extérieurs à la mise en valeur du bâtiment
Le bâtiment se dresse sur une plate-forme élevée pour profiter pleinement de la situation exceptionnelle du promontoire, de son ouverture sur la chaîne de collines au sud et de son isolement. Avec un dimensionnement ludique et variable des pavés, cette nouvelle butte est composée de la pierre récupérée du terrassement. La conservation des arbres existants a été l’occasion d’inventer un paysage minéral de roches et de jardins sauvages où les allées s’intègrent et structurent le site.

Les abords sont mis en valeur par des détails et des matières premières qui ont nécessité un savoir-faire local et contrastent avec le caractère industriel et préfabriqué du bâtiment (bordure en bois, escalier en béton, murs en pierres sèches locales et remblais en pavé uni, etc.).

Distance et Arte Povera, un bâtiment autonome
Le travail d’intégration de l’extension dans son environnement en utilisant des formes locales a été contrebalancé par la nécessité de se distinguer de l’existant.

Les couleurs superposées selon l’orientation de la façade définissent le volume comme un objet autonome en lui donnant une valeur abstraite. Les couleurs sont celles du sol, des écorces de pin et de la végétation de la crique (calanque).

De couleur foncée, la façade donnant sur le flanc du bâtiment ENSA-M est habillée de bandes métalliques verticales inspirées des tons sombres du lieu naturel. Côté treille, la façade est plus brute avec un bardage en tôle ondulée pour mieux affirmer son appartenance à cet espace aride et aride ouvert sur le paysage. L’Arte Povera est la marque de fabrique de ce projet, très présent dans le questionnement des architectes sur la réalité. La « galerie », un espace partagé évolutif
Ce nouveau passage de l’ENSA-M est une allée, une terrasse et un couloir, un espace multiple propice au travail en plein air (maquettisme, photographie, lieu d’échange et d’ouverture, de présentation des travaux et expositions) partagés entre les trois ateliers.

En forme de tonnelle de vigne courant le long de la façade sud des nouveaux ateliers, c’est un espace intermédiaire protégé du soleil par une clôture en jonc de châtaignier naturel (dispositif emprunté à l’agriculture) encastrée dans la charpente en acier galvanisé. La structure globale en acier galvanisé est conçue et dimensionnée pour former une ossature libre servant de support à des expérimentations spatiales, c’est-à-dire des volumes agencés (plancher, grillage, mezzanines extérieures), cloisonnement et fermeture (pose de bâches pour la création de jardins d’hiver par exemple), divers tentures, etc.

Optimisation industrielle, un processus optimisé
Les trois ateliers sont traversants, autonomes et identiques (même surface, orientation, accès et luminosité). Elles sont juxtaposées sans aucun accès intérieur mais accessibles par les façades sud et nord ponctuées de larges fenêtres à triple vitrage. Cette disposition permet d’obtenir une grande compacité tout en assurant un éclairage naturel jusqu’au fond de chaque atelier.

Les ateliers sont séparés par des espaces de rangement et des bureaux ouverts qui les isolent et favorisent une grande convivialité
. Véritables ateliers industriels évolutifs, ils disposent d’un sol et d’un plafond en béton brut de voies d’alimentation électrique pour recouvrir entièrement les locaux, solution aux multiples usages et modifications possibles (cloisonnement partiel, demi-locaux pour groupes de travail, etc.)

Simple et rationnel
Le modèle simple du bungalow de type algéco est évité en utilisant un système industriel reliant façade et toiture autoportante qui assure 11,25 m d’espace libre sans points d’appui intermédiaires et une hauteur libre intérieure de 2,80 m (par opposition au 2,5 mètres habituels en construction modulaire).

Le processus de construction est simple. Il commence comme un « bâtiment traditionnel » en posant une dalle de béton au sol avec des fondations périphériques. Les façades sont alors livrées en panneaux sandwich bois/métal de différentes longueurs et 1,25 m de large et sont posées par emboîtement.

Une ceinture de couronnement maintient les façades par leurs sommets et reçoit un plateau sec à ondes longues qui permet de porter mur à mur sans support et avec très peu de pente. L’ensemble est alors isolé de l’extérieur et couvert. Les panneaux structuraux préfabriqués OBM sont laissés nus pour une décoration intérieure (tôle d’acier revêtue sans finition), idéal pour un atelier.

La simplicité de construction et la rationalisation du projet sont assurées en ne nécessitant que quelques jours pour monter le bâtiment et un total de 5 mois pour être équipé par tous les corps de métier.

Plan Diagramme Diagramme Schéma Schéma